Chenrezig : Bouddha de la compassion

En déambulant dans les ruelles de Kathmandu, j'ai de nombreuses fois croisé le chemin du Bodhisattva Chenrezig. Le bodhisattva Chenrezig est en effet très souvent représenté dans les Thangkas népalais qui eux-mêmes s'affichent innombrablement dans les vitrines du microcosme de Thamel. Mais qui est-il ? Et que représente Chenrezig dans la philosophie bouddhiste ? C'est ce que je vais tenter de vous expliquer en quelques mots.

L'origine du bodhisattva Chenrezig

Chenrezig signifie, en tibétain, « celui qui regarde continuellement en bas avec les yeux de la compassion ».

Selon une légende tibétaine, le bodhisattva Chenrezig ( en français Bouddha de la compassion ) apparut sur une petite île, au cœur de Lhassa. Lorsqu'il vit la souffrance des Hommes, il fit le vœu de ne quitter ce monde que lorsque chacun aurait trouvé la paix.

Chenrezig leur enseigna le bouddhisme pour leur permettre d'atteindre la libération spirituelle. Cependant, de nouveaux êtres ne cessaient d'apparaître. Chenrezig finit par désespérer de pouvoir aider tout un chacun. Il supplia Amitabha (un des cinq Bouddhas de méditation ) de l'autoriser à rompre son vœu. Empli de désespoir, Chenrezig se brisa en milliers de morceaux.

Désolé pour Chenrezig, Amitabha  le recréa en lui conférant un pouvoir encore plus grand. Le bodhisattva Chenrezig avait désormais de nombreuses têtes, mille bras et un œil dans la paume de chaque main. Mais toujours intimidé par la tâche à accomplir, Chenrezig se mit à pleurer. Et c'est ainsi que, d’une de ses larmes, naquit la déesse Târâ. Le couple put unir leurs forces et ainsi aider tous les Hommes à atteindre la libération.

détails du thangka chenrezig

Chenrezig à 4 bras

Souvent représenté dans les Thangkas avec 4 bras, le bodhisattva Chenrezig porte dans ses deux mains centrales un joyau, dans la main droite un mâlâ et dans la main gauche un lotus.

Comme je l'ai écrit dans mon article sur les Thangkas, la peinture bouddhiste est très codifiée et chaque composition délivre un message. Dans cette composition du bodhisattva Chenrezig à 4 bras, on peut lire que, depuis le début de son apprentissage, le croyant (alors identifié à un lotus à peine éclos), passe par de nombreuses épreuves et méditations (symbolisées par le mâlâ) mais qu'au terme de toute cette vie qu’il aura menée selon les principes du bouddhisme, il recevra la récompense ultime : la libération du samsara (le cycle des réincarnations) symbolisée par le joyau. 

Par ailleurs, la couleur blanche de son corps manifeste qu’il est entièrement pur. Le fait qu'il n'ait qu’un seul visage signifie que l’essence de tous les phénomènes est d’une unique saveur. 

Les 4 bras, quand à eux, font référence aux 4 sentiments illimités (amour, compassion, joie, équanimité). Les deux jambes croisées dans la posture de diamant, montrent que sa volonté de venir en aide aux autres est irrépressible.

chenrezig à quatre bras thangka